Plus les heures passent et plus je suis étonné de constater que c’est à peine si les médias parlent de l’acte homophobe que constitue la tuerie d’Orlando ! Les interrogations sur l’appartenance ou non du tueur à l’Etat islamique sont décortiquées dans tous les sens.
Mais ses motivations homophobes sont à peine abordées alors qu’à en croire son propre père, c’est le fait que deux hommes se soient embrassés devant lui et sa fille de trois ans qui aurait conduit à son acte meurtrier. Où en est l’enquête de ce côté-ci ? Silence radio.
Ce n’est pourtant pas un hasard si le meurtrier a choisi un club gay très fréquenté à 200 kilomètres de chez lui pour perpétrer ce massacre. Alors pourquoi cette invisibilité, en tout cas pour l’instant, sur cet aspect de la tragédie ?
Parce que les Etats-Unis ne sont pas avares de mouvements intégristes en tout genre qui luttent tant et plus pour que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres n’aient pas les mêmes droits que tout le monde ?
Parce que sur les 72 (!) pays qui condamnent encore de nos jours plus ou moins durement l’homosexualité, 10 la condamnent à mort. 10 pays islamiques.
Parce que l’église catholique, et par là-même les pays qui se réclament de cette religion, peine toujours à reconnaître les personnes LGBT comme faisant partie intégrante de ses fidèles ?
Parce que pas plus tard que la semaine dernière un rabbin a tenu des propos scandaleusement homophobes ?
Parce que finalement cette tragédie renvoie à la figure de beaucoup de personnes que mourir simplement parce que son orientation sexuelle ou son identité de genre est différente est insoutenable ?
Et si c’était aussi parce que pour une partie de l’opinion publique, ce n’était finalement pas si grave de s’être attaqué à des gays ? Question certes provocatrice, mais que l’on est en droit de se poser, car les condamnations claires de ce massacre en tant qu’acte homophobe sont quasi inexistantes.
La cible choisie par le tueur crée de manière évidente un malaise. Aux dirigeants politiques et spirituels de le dissiper rapidement en condamnant très clairement et sans ambiguité cette tuerie pour ce qu’elle est: un acte homophobe qui doit rester à jamais unique dans une telle ampleur !
Didier Bonny,
Membre de l’association 360 et co-président de la Fédération genevoise des associations LGBT
En mémoire des victimes, l’association 360 et les autres associations membres de la Fédération genevoise des associations LGBT vous invitent à venir vous recueillir